Vie de la Vierge

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Le Mariage de la Vierge par Giotto (Chapelle des Scrovegni)
Crucifixion, Descente de croix, Déploration du Christ, Baiser de Judas, Pilate se lavant les mains, Christ portant la Croix, Présentation de Jésus au Temple, Jésus parmi les docteurs, d'un Livre d'heures du XVe siècle

La Vie de la Vierge, représentant les scènes narratives de la vie de Marie, la mère de Jésus, est un sujet courant des fresques illustrées dans l'art chrétien, souvent complétant, ou faisant partie de, une fresque de la Vie du Christ. Dans les deux cas, le nombre des scènes représentées dépendent de l'espace disponible. Les œuvres peuvent être d'une quelconque matière : des murs d'une église peints à la fresque et des séries d'estampes de vieux maître ont de nombreuses fresques remplies, mais le panneau (peinture), le vitrail, les enluminures, les tapisseries, les sculptures en pierre et en ivoire ont plusieurs exemples.

Scènes représentées[modifier | modifier le code]

La Vie de la Vierge rejoint parfois une fresque de la Vie du Christ, parfois comprenant des scènes de la Passion du Christ, mais souvent saute de l'enfance du Christ jusqu'à la Mort de la Vierge. Jésus parmi les docteurs, le dernier épisode de l'enfance du Christ, termine souvent le cycle.

D'importants exemples dont les scènes sont listées dans le tableau ci-dessous, comprennent celles dans la chapelle Tornabuoni par Domenico Ghirlandaio et son atelier entre 1485 et 1490, la chapelle des Scrovegni par Giotto, complétée autour de 1305, et la Maestà de Duccio complétée en 1308. La mosaïque Byzantine de Saint-Sauveur-in-Chora (début du XIVe siècle ; voir Galerie) représente certaines différences entre l'Orient et l'Occident - les sept premiers pas de la Vierge étaient célébrés par un jour de fête Orthodoxe - mais les 16 scènes amenées à atteindre un point avant la Visitation sont similaires aux 15 prises dans la fresque pré-contemporaine de Giotto. Lorsque le cycle de Chora résume, elle devint une partie de la Vie du Christ commençant par son Incarnation, tout comme Giotto et de nombreux exemples Occidentaux. La fresque de Giotto est vraiment complète à 26 scènes, mais dans une petite ivoire seulement deux scènes peuvent être représentées. La paire la plus courante dans une telle case est l'Annonciation et la Nativité de Jésus, bien qu'il y avait des moments où le Couronnement de la Vierge pouvait déplacer l'une d'entre elles.

La Chapelle Tornabuoni a neuf scènes. Dans ce cas, comme souvent, d'autres scènes, telle que la Visitation, comprenant Marie sont contenues dans la fresque complémentaire de la Vie de St Jean le Baptiste sur les murs. Une Vie du Christ a davantage de scènes qui se chevauchent avec la Vie de Marie, comme la Chapelle des Scrovegni le démontre. Albrecht Dürer réalisa une série influente et grandement populaire de 19 scènes en xylographie[1].

Les prétendues Sept joies de la Vierge de Hans Memling. Il s'agit en fait d'un titre ultérieur pour une fresque de la Vie de la Vierge sur un panneau. 25 scènes au total, n'impliquant pas toutes la Vierge, sont représentées. 1480, Alte Pinakothek, Munich[2]

Le nombre total de scènes fût potentiellement vraiment grand au début de la période gothique ; Lafontaine-Dosogne, une autorité éminente, liste un total de 53 scènes avant l'Annonciation seule qui apparaît dans l'art Occidental, bien que seulement un seul exemple (une enluminure du XIIIe siècle d'Allemagne) contenant tous ces survivants, et possiblement quelques autres ayant existé. Dix-sept de ces scènes précèdent la Naissance de la Vierge. Ces scènes apocryphes devinrent davantage limitées à la fin du Moyen Âge.

Certains événements de la Vie furent célébrés comme fêtes par l'Église, et d'autres ne le furent pas ; cela affecta grandement la fréquence avec laquelle elles furent représentées. D'autres pratiques de dévotion mariale affectèrent la longueur et la composition des fresques : les Livres d'Heures avaient souvent huit scènes à aller de pair avec les huit parties du texte du Petit office de la Sainte Vierge. Mater dolorosa, les Sept joies de la Vierge et les 15 mystères du Rosaire ont également influencé la sélection des scènes, par exemple dans les illustrations standardisées pour le Speculum Humanae Salvationis. Les développements théologiques ont aussi influencé la sélection, spécialement ceux concernant la Mort de la Vierge et l'Assomption, avec cette dernière remplaçant progressivement l'ancienne dans l'Occident.

Tableau des scènes[modifier | modifier le code]

Le tableau ci-dessous représente qu'une scène fût le sujet d'un jour de fête dans l'église Occidentale, et donne les contenus des fresques (décrites au-dessus et en-dessous) par : Giotto dans la Chapelle des Scrovegni, un Livre d'Heures typique, le Livre d'heures de Catherine de Clèves, la fresque du "Maître du Louvre Vie de la Vierge", la fresque de Ghirlandajo dans la Chapelle Tornabuoni, et les illustrations d'Israhel van Meckenem et Albrecht Dürer.

Scène Fête ? Giotto Livre d'Heures Louvre
Rejet de / Annonciation à Joachim Les deux
Joachim et Anne à la Porte dorée Oui Oui
Nativité de Marie Oui Oui Oui
Présentation de Marie Oui Oui Deux
Mariage de la Vierge Oui Oui
Annonciation Oui Oui Oui Manquant ?
Visitation Oui Oui Oui Oui
Nativité de Jésus Oui Combiné Oui Oui
Annonce aux bergers Oui Oui
Adoration des mages Oui Oui Oui
Circoncision de Jésus Oui Oui
Présentation de Jésus au Temple Oui Oui Oui Oui
Fuite en Égypte Oui Oui, et/ou alternatif Oui
Massacre des Innocents Oui Oui
Jésus parmi les docteurs Oui Oui
Adieu du Christ à sa mère
Crucifixion de Jésus Oui Oui
Ascension de Jésus Oui Oui
Pentecôte Oui Oui
Mort de la Vierge Oui
Assomption de Marie Oui
Couronnement de la Vierge Oui
Autre Beaucoup 1
Total 16 17+ 8 12
Mort de la Vierge, Hugo van der Goes

L'échantillon ci-dessus est correct en suggérant que l'Annonciation et la Nativité furent les seules scènes indispensables ; la fresque du Louvre vint probablement d'un retable avec une Annonciation manquante comme son panneau principal. La Nativité est toujours représentée, mais elle peut être faite par la Nativité elle-même, l'Adoration des Bergers, ou l'Adoration des Mages - ou par une combinaison de ces trois-là. Bien que les huit scènes pour les Livres d'Heures furent la sélection standard, suivi par exemple par les deux exemples décrits par Robert Calkins[3], il sera remarqué que la plus longue fresque dans le "Livre d'heures de Catherine de Clèves" chevauche uniquement avec le schéma standard des trois scènes. Ghirlandajo a de grands espaces rectangulaires à remplir, et évite les scènes avec seulement quelques participants (et avec aucune opportunité pour les costumes voyants), sauf pour l'Annonciation. L'Adieu du Christ à sa mère fût un sujet nouveau au XIVe siècle, et uniquement populaire à partir du XVe.

Histoire[modifier | modifier le code]

La représentation de scènes à partir de la vie de la Vierge revient aux tout premiers jours de l'art chrétien ; une scène de l'église à Doura Europos d'environ 250 a été interprétée comme une procession de Vierges accompagnant Marie au Temple. D'anciennes fresques avaient tendance à inclure plus de scènes et détails des Évangiles apocryphes, comprenant l'histoire des parents de Marie, Sainte Anne et Joachim, avant sa naissance. L'influence de ces histoires n'a jamais entièrement disparue, en partie parce que les Évangiles canoniques donnent quelques détails de la vie de Marie avant et après les années autour de la naissance de Jésus. En Occident le Pseudo-Matthieu était la source apocryphe dominante, en Orient, des versions légèrement différentes, toutes dérivant du Protévangile de Jacques, furent préférées.

Les Quinze mystères du Rosaire et la Vierge du Rosaire, une fresque basée sur le Rosaire.

Les fresques de la Vie de Marie étaient moins fréquentes en Occident qu'en Orient jusqu'à la période gothique. La fresque de la Nativité dans le tympan du portail droit de la Cathédrale de Chartres est la plus ancienne fresque monumentale occidentale à apparaître sous une Vierge et Enfant sacrés. De telles fresques continuèrent à apparaître dans des positions célèbres, devenant progressivement moins courantes que les scènes de la Passion du Christ. L'évolution lors du XIIIe siècle du Livre d'heures enluminé donna une autre localisation importante pour les fresques, comme le fît le développement graduel de retables sophistiqués pour la Chapelle Notre-Dame, ou au moins un autel latéral, que toutes les grandes églises avaient.

Avec l'arrivée de l'estampe de vieux maître, les séries de la Vie furent populaires, et furent souvent parmi les œuvres les plus ambitieuses des artistes d'estampe. La Mort de la Vierge de Martin Schongauer fût l'une des œuvres les plus influentes, adaptée en peinture par un hôte d'artistes en Allemagne et au-delà. Schongauer organisa apparemment une large série, mais seulement quatre scènes ont été réalisées. La série d'Israhel van Meckenem de 12 scènes et la série de Francesco Rosselli, qui suivirent les sujets des Mystères du Rosaire[4], furent les plus importantes entre autres les exemples du XVe siècle. Dürer les éclipsa largement au début du XVIe siècle avec sa fresque de 19 xylographies sur la Vie de la Vierge suivant essentiellement la composition de Schongauer.

Avec le déclin des enluminures et l'avènement de grands tableaux et le retable sujet particulier, les fresques devinrent moins importantes en art, sauf dans la forme estampe, mais les fresques peintes ne furent pas éteintes. Une fresque de grandes peintures par Luca Giordano d'environ 1688 accrochée dans la chambre de la Reine d'Espagne à Madrid au XVIIIe siècle[5], et de nombreuses fresques furent peintes pour les cathédrales et d'autres bâtiments. Après le décret du Concile de Trente en 1563, plusieurs scènes apocryphes, et les introductions médiévales comme l'Évanouissement de la Vierge, furent attaquées par des écrivains comme Molanus et le Cardinal Federico Borromeo.

Galerie[modifier | modifier le code]

Voir également[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Probablement entre 1500 et 1504.
  2. (en) Alte Pinakotek, Munich (Summary Catalogue), (ISBN 3-87490-701-5), p. 348–51
  3. (en) Robert G. Calkins, Illuminated Books of the Middle Ages, Ithaca, New York, Cornell University Press, , p. 310–313
  4. (en) Konrad Oberhuber, Early Italian Engravings from the National Gallery of Art, Washington, Jay A. Levinson,
  5. « L'Adoration des bergers - Louvre Collections », sur louvre.fr